Par Esaïe EDOH
Le développement rapide de la digitalisation en Afrique n’est pas sans conséquences. Il s’accompagne de la prolifération des arnaques financières en ligne, favorisées par une vulnérabilité numérique d’une population en quête d’opportunités économiques, mais souvent mal outillée pour vérifier l’information [ajouter lien vers une étude sur la littératie numérique en Afrique].
Cette forme d’escroquerie prend des formes variées et cible de plus en plus les jeunes, les petites entreprises et les investisseurs inexpérimentés.
L’essor numérique : entre promesses et périls
L’Afrique est aujourd’hui l’un des continents où la croissance de l’accès à Internet est la plus rapide. Selon l’Union internationale des télécommunications, plus de 570 millions d’Africains ont désormais accès à Internet, un chiffre qui continue de progresser
Cet essor, porteur d’espoirs en matière d’éducation numérique, de commerce et d’innovation, expose aussi une large part de la population à des pratiques frauduleuses de plus en plus sophistiquées.
Des formes d’arnaques en pleine mutation
Les arnaques financières en ligne se présentent sous diverses formes : promesses d’investissement à rendement garanti, plateformes de trading fictives, ventes pyramidales déguisées, crypto-monnaies sans fondement, faux prêts bancaires, usurpations d’identité bancaire.
Dans tous les cas, le principe est le même : appâter la victime avec des promesses de gains faciles, puis disparaître une fois les fonds transférés.
Des promesses de richesse rapide qui séduisent
Leur succès repose sur une réalité socio-économique bien connue : taux de chômage élevé, dominance du secteur informel, accès limité au financement. Dans ce contexte, les promesses de gains élevés en peu de temps trouvent une oreille attentive.
De nombreux jeunes diplômés sans emploi tombent dans le piège d’un « investissement miracle » promu via les réseaux sociaux par des influenceurs ou de faux experts en finance.
Des campagnes marketing bien rodées
Ces plateformes frauduleuses imitent les sites des institutions financières, affichent de faux témoignages et diffusent des vidéos mettant en scène des Africains soi-disant devenus riches en quelques semaines. En réalité, il s’agit de montages frauduleux hébergés à l’étranger, inaccessibles dès que les fonds sont encaissés.
Une coopération encore trop faible
Les autorités africaines sont conscientes du problème mais peinent à suivre le rythme de l’innovation frauduleuse. Le manque de régulation spécifique et de coordination entre pays entrave la lutte.
Certains États ont mis en place des cellules de lutte contre la cybercriminalité
et lancé des campagnes de sensibilisation. Mais ces initiatives peinent à toucher les zones rurales et les populations peu alphabétisées.
Le rôle ambivalent des influenceurs et réseaux sociaux
Facebook, WhatsApp, Instagram, TikTok… Ces réseaux sont devenus les canaux de diffusion privilégiés des arnaques. Des influenceurs – parfois complices, parfois dupes – relaient sans vérification les messages de ces fraudeurs.
Malgré les appels à la modération des contenus liés à l’investissement, les grandes plateformes tardent à réagir sans cadre législatif contraignant.
La lutte contre les fake news comme levier d’action
Pour inverser la tendance, il est urgent de :
1. Renforcer l’éducation numérique et la culture de vérification de l’information.
2. Opérationnaliser des structures de fact-checking locales, à l’image de la Cellule Anti Fake News, pour vérifier les promesses suspectes.
3. Outiller les régulateurs à surveiller les plateformes suspectes et coopérer avec les acteurs du numérique à l’échelle nationale et internationale.
Conclusion
Face à la montée des arnaques financières en ligne, la prévention et l’éducation aux médias doivent devenir des priorités. Car c’est en outillant les citoyens que l’on protégera durablement les économies africaines contre ces pratiques frauduleuses.